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Théorie du donut, économie régénérative : de la théorie à la pratique en entreprise !


Avant-propos 

Cet article résume notre webinaire du 6 novembre 2024, organisé pour les Global Donut Days par le Doughnut Economics Action Lab (DEAL).

4 expertes et experts sont venus échanger sur leurs sujets : 


Pour l’économie du donut : 

  • Damien Routier : Auteur de “Un donut pour tout changer”, préfacé par Eric Duverger et Kate Raworth, qui a créé le concept de donut

  • Pierre-Alix Lloret-Bavai : Co-fondateur de 2tonnes


Pour l’économie régénérative : 

Théorie du donut et économie régénérative : de la théorie à la pratique en entreprise


Introduction


La théorie du donut et l’économie régénérative : des concepts inspirants mais encore très théoriques pour guider concrètement la transformation des entreprises ? 


Ces deux approches offrent un cadre puissant pour repenser le rôle de l’entreprise dans la société, mais leur mise en œuvre nécessite une compréhension approfondie et adaptée à chaque contexte. 


Pour qu’elles deviennent des leviers de transformation réelle, il est crucial de les traduire en plans d’action concrets, engageant toutes les parties prenantes.


Dès lors, comment faire de son entreprise un acteur plus durable et responsable en exploitant pleinement le potentiel de ces notions novatrices ? Nous vous expliquons tout cela dans cet article.


Théorie du donut et économie régénérative : des concepts pour aider à la transition 


Pourquoi est-il urgent de transformer les entreprises ? 

Damien Routier


Pourquoi est-ce urgent de transformer les entreprises ? Retournons plutôt la question : quel serait le bénéfice de garder le statu quo ? 


En effet, notre système économique actuel, basé sur l’extraction des ressources, la production de masse et la linéarité n’est plus viable. Il a notamment conduit à dépasser 7 des 9 limites planétaires¹ et à affaiblir nos démocraties. 


Dans ce contexte économique incertain, nous sommes confrontés à une polycrise : les crises se renforcent mutuellement, créant un état d'instabilité durable et de plus en plus complexe.


L’interconnexion des crises, World Economic Forum 
Source : L’interconnexion des crises, World Economic Forum 

Et les organisations sont loin d’être épargnées par cette dynamique.


Elles ont donc deux raisons majeures de changer de système : 

  1. Il faut anticiper les changements à l’oeuvre, dont le réchauffement climatique 

  2. Il faut permettre de vivre chacun et chacune dans un environnement juste et sûr à long terme


Les concepts de la théorie du donut et de l’économie régénérative


Pour envisager la transformation de notre société, ainsi que celle des organisations, deux concepts peuvent nous intéresser : la théorie du donut et l’économie régénérative.


Qu’est-ce que la théorie du donut ? 

Damien Routier


En 2004, L’économiste britannique Kate Raworth se questionne sur le fonctionnement et la raison d’être de notre modèle économique. 


Cela l'amène à proposer un objectif pour l’humanité : répondre aux enjeux sociaux et environnementaux du 21ème siècle en créant un espace juste et sûr pour toutes et tous. 


Pour cela il faut respecter un plancher social et un plafond écologique. Elle représente tout cela sous forme d’un donut :



Représentation de la théorie du donut
Source : Doughnut Economics Action Lab

Pour en savoir plus sur la théorie du donut, découvrez notre article Un donut pour parler d’écologie


Ce donut s’applique aussi bien au niveau de la société qu’au niveau des organisations : chaque activité doit se dérouler au sein de cet espace, sans jamais le dépasser.



Qu’est-ce que l’économie régénérative ?

Eric Duverger - Sarah Dubreil 


L’économie régénérative peut être considérée comme la continuité de l’économie du donut


Commençons par une définition : l’économie régénérative est un modèle qui place l’intégrité du vivant — humain et non-humain — au cœur de ses activités. Elle vise à soutenir l’intégrité de nos écosystèmes écologiques et sociaux. 


Elle permet une prospérité écologique, sociale et économique en favorisant le renouvellement continu, tant en qualité qu’en quantité, des matériaux, de l’énergie, des ressources naturelles, et des capacités humaines et non-humaines (source : SPEC AFNOR, 2024). 


En d’autres termes, avec l’économie régénérative, on va au-delà de la simple réduction des impacts négatifs sur l’environnement : on vise des impacts positifs nets² sur celui-ci (source : Lumia) 


En somme, l’économie régénérative propose de remplacer le modèle volumique, extractiviste et linéaire actuel par un modèle d’atténuation, d’adaptation et de régénération.



Trajectoire à suivre pour viser la régénération
Source : Inspiré de Bill Reed (Trajectory of ecological design), Regenesis

Les approches régénératives consistent à renforcer notre capacité à nous, vivants humains et non humains, à être robustes, sains, vitaux. 


Quelle que soit la trajectoire climatique, nous allons avoir besoin de continuer à nous nourrir et vivre ensemble, à rêver de lendemains joyeux. 


L’intérêt du régénératif est d’être pertinent à la fois pour atténuer le changement climatique mais aussi comme une voie d’adaptation “par le haut”.


Donut et économie régénérative : deux concepts complémentaires 

Eric Duverger - Sarah Dubreil 


Les deux concepts que nous venons de vous présenter sont intrinsèquement liés: le donut aide à voir comment avancer vers la régénération !


C’est-à-dire que l'économie régénérative va plus loin : elle vise non seulement à rester dans les limites du donut, mais aussi à restaurer les écosystèmes et revitaliser les ressources pour un impact positif global.


Le donut, pour sa part insiste plus fortement sur la nécessité de prendre en compte le plancher social et donc de s’engager dans une transition collective juste.


Le double défi de la transformation des entreprises pour tendre vers une transition juste et humaine 

Pierre-Alix Lloret-Bavai


Nous l’avons vu, la théorie du donut et l’économie régénérative concernent aussi et surtout les organisations, et ces dernières ont tout intérêt à les comprendre et les intégrer pour entamer une démarche de transformation. 


Or, les entreprises se trouvent face à un double défi

  • Il faut se transformer rapidement et en profondeur 

  • Il ne faut pas oublier la prise en compte de l’humain dans cette transformation


En effet la transformation est consubstantielle à l’humain, et tout changement organisationnel ne peut avoir lieu sans prendre en compte les enjeux et besoins des parties prenantes, employés, fournisseurs, clients.


Il faut donc : 

  • Créer la capacité de trouver des compromis 

  • Embarquer toutes les parties prenantes 

  • Viser la juste répartition des efforts et de l’accompagnement 

  • Mettre en place une approche incrémentale 

  • Se concerter et responsabiliser soi-même et les autres 


En somme, l’enjeu de la transition des organisations n’est pas de résoudre un problème, mais d’augmenter la capacité collective à résoudre les problèmes


Mais alors, comment fait-on concrètement ?


Des outils concrets pour entamer ou consolider une démarche de transformation de son entreprise 


Pour concrétiser la théorie du donut et le concept d’économie régénérative, nous vous présentons trois outils ainsi que des exemples pour mieux visualiser la transformation de son entreprise. 


1- Comprendre les 5 stades de transformation

Damien Routier


Avant de vouloir transformer son entreprise, il faut comprendre où l’on se situe. 


En effet, la transformation d’une entreprise s’inscrit dans une trajectoire à plusieurs étapes, la régénération étant la dernière.   


On peut définir 5 étapes clés : 


Les 5 étapes pour viser la régénération dans une entreprise
Source : Un donut pour tout changer, Damien Routier, Editions Vuibert, 2024

À chaque étape correspond un enjeu bien précis : 


  • Stade 1 - Se contraindre uniquement à la réglementation : on respecte et on s’accorde avec les lois en vigueur. 


  • Stade 2 - Faire des économies : on modifie à la marge, on optimise l'efficacité 


  • Stade 3 - Faire sa part : on adhère à des programmes volontaires, on met en place des démarches de sensibilisation, on cherche à se faire labelliser 


  • Stade 4 - Viser le net zéro : viser la neutralité carbone³ 


  • Stade 5 - Arriver aux contributions positives avec la régénération et la distribution


Il est essentiel de suivre chaque étape : prenez donc le temps d’identifier où en est votre entreprise dans ce parcours. Cela vous permettra de construire une feuille de route réalisable sans pour autant le niveau d’ambition de la régénération.


2- Faire émerger des activités régénératives en travaillant sur 3 horizons 

Sarah Dubreil 


Lorsqu’un ou une dirigeant(e) traverse un moment de bascule personnelle sur les sujets écologiques, il souhaite insuffler la même dynamique dans son entreprise. 


Mais avant de se lancer dans de grands projets, il faut passer par l’étape cruciale de l’élaboration de la feuille de route et des actions concrètes adaptées au contexte économique actuel. 


Un dilemme s’impose rapidement : la feuille de route doit-elle viser des objectifs ambitieux, au risque de ne pas être immédiatement viables sur le plan économique ? Ou bien doit-on privilégier une approche plus réaliste économiquement, au risque de ne pas répondre pleinement à l’ampleur des enjeux ?


L’atelier “3 Horizons”, créé par le chercheur Bill Sharpe de l’H3Uni offre une piste pour transcender positivement ce dilemme. 


Ces questions correspondent souvent à 3 postures en entreprises: 


  • celle du manager qui fait fonctionner l’entreprise au quotidien, 


  • celle de l’entrepreneur ou du business developer qui développe de nouvelles activités en anticipant des changements, 


  • celle du porteur de la mission à long terme, qui tient le cap d’une économie régénérative, compatible avec le donut, et s’implique avec un écosystème d’acteurs souvent différents. 


Ces 3 postures sont souvent en conflit dans l’entreprise : les dinosaures contre les rêveurs, les idéalistes contre les réalistes. Or chacune de ces postures porte un enjeu légitime et positif pour l’entreprise : les 3 horizons permettent de les réconcilier. 



L'outil des 3 horizons
Source : Traduction du schéma des 3 Horizons (Bill Sharpe). V. Brunel, S.Dubreil et al., Entreprises & Systèmes vivants : appréhender les approches régénératives, 2023

Cela se traduit par des questions spécifiques à chaque horizon :


Horizon 3 :

  • Quel serait un modèle idéal pour l’entreprise dans un monde régénératif, même s’il n’est pas encore économiquement viable ?

  • Quels sont les prémices de ce futur qui existe déjà aujourd’hui ?


Horizon 2 :

  • Comment développer de nouvelles activités et des innovations qui servent de pont entre le système économique actuel et un futur régénératif, avec des activités viables dès aujourd’hui ?


Horizon 1 :

  • Comment optimiser les activités qui soutiennent mon quotidien en réduisant leur impact négatif ?

  • Comment remettre en question les activités incompatibles avec une raison d’être régénérative et envisager, si nécessaire, leur démantèlement ?


Les 3 horizons se distinguent d’un exercice de stratégie classique : au lieu de faire un plan en fonction d’un futur probable, cette approche permet de planifier un futur souhaitable de façon pragmatique. En effet, cette approche permet de travailler sur les actions nécessaires aux trois horizons en même temps. 


L’atelier des 3 horizons permet, au-delà de cet exemple, de structurer une réflexion en partant de son écosystème et de son contexte.


3- Déverrouiller les points de blocage dans sa structure d’entreprise avec le diagramme donut appliqué à l’entreprise 

Sarah Dubreil 


Suite au lancement d’une dynamique dans l’entreprise, des projets régénératifs vont émerger. 


Il est possible que certains de ces projets ne valident pas des critères classiques de décision comme notamment le taux de retour sur investissement minimum ou le nombre d’années de pay back. 


Dans une pratique classique, ces projets ne seront pas validés. Or, dans une approche régénérative, il faut regarder le critère en question qui pose problème - et le considérer comme un sujet de travail en soi. 


Prenons un exemple : si le nombre d’années de pay back du projet est trop élevé par rapport à mes critères de décisions, d’où vient ce critère ? Regardons comment nous pouvons travailler sur l’actionnariat et le financement pour le faire évoluer. 


Si je dois travailler sur mon actionnariat et le pousser à raisonner sur du long terme : 


  • ai-je cherché intentionnellement des financements à long terme - publics, à impact ou encore corporates ? 


  • ai-je entendu parler de systèmes comme les fondations actionnaires (tel Patagonia)  ou le steward ownership (comme le fonds Purpose Economy) pour sécuriser d’un point de vue actionnarial ma mission sur le long terme ? 


  • Est-ce qu’ajouter un représentant de la Nature et des générations futures à mon board peut m’aider ?


Le cadre de travail “Donut appliqué aux entreprises” permet d’identifier les blocages structurels qui empêchent l’émergence des projets de transition.


En identifiant ces blocages dans la structure de l’entreprise (actionnariat, financement, gouvernance, réseaux, mission), et en les traitant comme un point de travail, le “Donut appliqué aux entreprises” permet de déverrouiller ces obstacles.


Le donut appliqué à l'entreprise

Source : Donut appliqué à l’entreprise, Doughnut Economic Action Lab, Kate Raworth


NB : l’outil "Doughnut for business” (cadre de facilitation open source du Doughnut Economic Lab, animé en 2h ou 4-5h) permet d’adresser ces enjeux.


Quelques exemples de transformation régénérative d’entreprises 

Eric Duverger 


Nous avons les outils, mais avons-nous des exemples de réussites concrètes de grandes 

entreprises ?


Nous vous présentons 4 cas concrets de transformation régénérative d’entreprises pour vous aider à vous projeter ! 


  • Renault Trucks est le leader européen des camions électriques. Son Directeur Général a déclaré qu’il fallait vendre moins de camions neufs, mais les rendre plus durables, pour briser le mythe de la croissance par le volume.


  • Mustela sortira d’ici 2025 du marché des lingettes jetables, alors que cette activité représente 22% du chiffre d’affaires. Elle a trouvé des substituts. L’entreprise est également en train de pousser tout le secteur à en faire de même sur un plan de 3 ans. 


  • Photoweb a créé une machine d’impression de photos beaucoup plus économe en matière et en eau. L’entreprise a décidé de mettre cette technologie en open-source pour que chaque acteur du marché puisse s’en emparer. 


Découvrez d’autres exemples inspirants sur les podcasts de la CEC ou sur le livre blanc BPI France Le Lab "Entreprises & Systèmes vivants : appréhender les approches régénératives"


Embarquer les parties prenantes de son entreprise 


Maintenant que nous disposons des outils et que nous sommes nous-mêmes convaincu(e)s d'entamer la transformation de notre organisation, comment engager efficacement et durablement nos parties prenantes ?


L’objectif : sortir de l’octogone de l’inertie de son entreprise 

Pierre-Alix Lloret-Bavai


Derrière cette réflexion se cache un enjeu majeur : sortir de l'octogone de l'inertie au sein des organisations.


Avant de définir ce concept clé, rappelons le contexte :


Dans notre société, faire adhérer à la transition écologique et sociale n'est pas une tâche facile, comme le montrent ces deux chiffres de Destin Commun (2024) :


  • 77 % des Français estiment que la société est divisée.

  • 54 % considèrent que les différences entre nous sont trop profondes pour avancer sur les enjeux sociétaux collectifs.


Ces chiffres résonnent directement avec le triangle de l’inaction, un concept qui explique pourquoi nous restons parfois paralysés face à des enjeux cruciaux.


Le triangle de l’inaction repose sur trois éléments :

  1. Le manque de clarté : on ignore quoi faire ou par où commencer.

  2. Le manque de capacité : on doute de nos ressources ou de nos compétences.

  3. Le manque de motivation : on ne perçoit pas l’urgence ou les bénéfices d’agir.


Combinés, ces trois facteurs génèrent une paralysie, freinant la prise de décision et l’action, car la société civile, les entreprises et les pouvoirs publics se renvoient la responsabilité les uns aux autres.



Triangle de l'inaction
Source : 2tonnes, 2024

Dans les organisations, les mêmes problématiques se retrouvent, mais dans un format encore plus complexe en raison du nombre plus important d'acteurs impliqués.


L’entreprise se situe au cœur d’un écosystème composé de huit acteurs aux enjeux variés :

  • Les actionnaires

  • Les pouvoirs publics

  • Les syndicats

  • Les ONG

  • Les clients

  • Les collaborateurs

  • Les riverains

  • Les fournisseurs


On se retrouve ainsi dans une situation d’octogone de l’inertie, où les différentes parties freinent ou ralentissent le processus de changement, en attendant que les autres s’engagent.


Avec le modèle de l’octogone, on  permet d'illustrer visuellement les différentes forces d'inertie qui entravent une transformation fluide et efficace. 



Octogone de l'inertie

L'enjeu consiste à lever les obstacles à la transition en transformant l’octogone en cercle, permettant ainsi à chaque acteur de contribuer efficacement à son échelle. Pour ce faire, il est essentiel de générer des changements qui :


  • Soient mis en œuvre de manière équitable

  • Soient accessibles à tous

  • Inspirent confiance et durabilité


Cela permettra de créer une dynamique collective, fluide et pérenne.


Dès lors, quelles sont les étapes à suivre pour relever ce défi ?


1- Faire naître des déclics par le haut 

Eric Duverger 


Il est crucial de commencer par sensibiliser les COMEX et DG, afin de susciter une prise de conscience et de dépasser les approches classiques de la stratégie RSE, même si cela peut prendre du temps. 


Une fois cette dynamique lancée, il sera possible d’engager les autres parties prenantes, incluant clients, fournisseurs et l’ensemble de l’écosystème. 


Agir depuis le sommet ne consiste pas à imposer le changement, mais à instaurer une base commune de sensibilisation. Cela passe notamment par des ateliers visant à éveiller les consciences et à encourager l’action collective, comme l'atelier 2tonnes.





2- Créer une culture commune de la transformation de l’entreprise 

Pierre-Alix Lloret-Bavai


Une fois le top management engagé, il devient possible d’instaurer une culture et des pratiques communes pour accompagner la transformation de l’entreprise. L’objectif est de garantir que chacun et chacune partage les mêmes bases et œuvre dans la même direction.


Le donut, en plus d’être un outil de vision stratégique, se révèle particulièrement pertinent pour développer cette culture commune.


En effet, c’est un outil pédagogique efficace pour vulgariser et acculturer, permettant à tous de parler le même langage ! Il se distingue par :


  • Une grille de lecture systémique : claire, visuelle et accessible, elle aide chaque collaborateur à se situer et à comprendre les enjeux globaux.


  • Une aide à la prise de décision : elle offre une perspective de succès en soutenant des choix alignés sur le moyen et le long terme.


  • Une portée universelle : applicable à la fois à l’échelle de l’entreprise et à celle de la société.


En créant une culture commune de transformation, le donut favorise une vision partagée, engageante et pérenne. Il aligne les efforts individuels et collectifs vers un objectif commun de durabilité, le tout en étant facile à adopter par tout un chacun.


3- Créer un changement de posture sur les enjeux du donut et de la régénération 

Pierre-Alix Lloret-Bavai


À l’échelle individuelle, l’objectif est d’instaurer chez chaque collaborateur et collaboratrice une posture proactive, en leur donnant les moyens d’agir de manière éclairée. Cela repose sur une compréhension objective des enjeux et le développement d’un esprit critique fondé sur des bases scientifiques solides.


Pour atteindre cette posture, il est essentiel de renforcer un postulat central : la transition est nécessaire, profonde, possible et souhaitable.


  • Nécessaire : comprendre que la transition ne pourra se faire sans que les entreprises y jouent un rôle actif et précurseur, au même titre que le reste de la société 


  • Profonde : comprendre que cette transition supposera des changements majeurs, en termes de business model, de chaîne de valeur. 


  • Possible : comprendre qu'il existe beaucoup de leviers applicables à tous les niveaux en entreprise et par chaque collaborateur et collaboratrice. 


  • Souhaitable : comprendre que la transition regorge d’opportunités autant pour l’entreprise que pour ses collaborateurs et collaboratrices. 


Tout cela permet de créer un contexte où chacun et chacune comprend ce qu’il faut faire pour faciliter la transition. 


4-Créer les conditions de l’échange et du compromis

Pierre-Alix Lloret-Bavai


Pour ce faire, générer de l’échange et la prise de décisions repose sur 3 éléments : 


  • Placer l'intelligence collective au centre de la démarche : 


Cela permet de créer un espace propice à la confrontation constructive des idées et à l'accueil des différentes perspectives. Cette approche vise à enrichir la réflexion collective et à favoriser des solutions co-construites, prenant en compte les besoins et attentes variés des parties prenantes, au plus proche de la réalité terrain. 


  • Adopter une vision large et s’adapter à son public :


Le but est de convaincre chaque partie prenante de son entreprise : il ne suffit pas simplement de se concentrer sur les personnes convaincues. Il faut réussir à toucher tous les publics même si cela signifie qu’il faut adapter les parcours à chaque individu. 


  • Outiller les ambassadeurs : 


En les formant et en les accompagnant dans leur rôle de promoteur, de simples porteurs du message se transforment en acteurs convaincants et en moteurs de la transformation. Ils sont capables de susciter l'adhésion et de mobiliser au-delà des simples convaincus.


Outiller les ambassadeurs pour viser large : de convaincu... à convainquant ! La confiance, la démocratie, ça s'apprend et ça se travaille ! Pierre-Alix Lloret-Bavai, co-fondateur de 2tonnes

Conclusion 

Durant ce webinaire, nous avons mis en lumière la nécessité et les moyens d'opérationnaliser les concepts de la théorie du donut et de l'économie régénérative dans les organisations


Ces deux approches offrent des cadres novateurs et ambitieux pour répondre à l'urgence écologique et sociale. Face à une polycrise mondiale et un modèle économique  devenu insoutenable, les entreprises doivent impérativement repenser leur manière de fonctionner.


La théorie du donut, élaborée par Kate Raworth, invite à concevoir un espace sûr et juste pour tous en respectant les limites planétaires et en répondant aux besoins humains fondamentaux. Quant à elle, l'économie régénérative pousse cette ambition plus loin en recherchant un impact net positif sur les écosystèmes et les communautés. Ces deux concepts, complémentaires, forment des outils puissants pour guider les entreprises vers une transformation durable et inclusive.


Cependant, la transition ne se limite pas à la théorie. Des outils concrets, comme les 5 stades de transformation, l’atelier des 3 horizons, ou le diagramme donut appliqué à l’entreprise, permettent de tracer des chemins réalistes et adaptés au contexte de chaque organisation. Les exemples d’entreprises pionnières, comme Renault Trucks ou Mustela, démontrent que cette transformation est possible et porteuse de nouvelles opportunités.


Au-delà des stratégies, il s'agit aussi d'une transformation culturelle et humaine : mobiliser les parties prenantes, instaurer une culture commune de transformation, et favoriser une intelligence collective capable de résoudre les défis complexes. La transition exige une posture proactive et un engagement profond, mais elle ouvre aussi la voie à une prospérité durable et partagée.


Ainsi, la transformation vers une économie régénérative et compatible avec le donut n’est pas seulement une réponse aux crises actuelles : elle est une invitation à co-créer un avenir désirable pour les entreprises, leurs écosystèmes et la société dans son ensemble.


Pour aller plus loin 

Pour creuser les notions du donut et de l’économie régénérative, nous vous mettons à disposition ce kit de ressources utiles !


Nous vous invitions également à visionner le replay du webinaire !



Lexique


(1) Limites planétaires :

Le concept de limites planétaires permet une analyse globale des impacts environnementaux provoqués par les activités humaines susceptibles de provoquer un changement d’état des écosystèmes planétaires.


Neuf limites planétaires ont été définies. Il s’agit de processus naturels qui interagissent et forment ensemble le "système Terre" : le changement climatique ; l’érosion de la biodiversité ; la perturbation des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore ; le changement d’usage des sols ; l'acidification des océans ; l'utilisation de l’eau douce ; l'appauvrissement de l’ozone stratosphérique ; l'augmentation des aérosols dans l’atmosphère ; l'introduction d’entités nouvelles dans la biosphère. En savoir plus. 


(2) Impacts positifs nets :

Dans le cadre de l'économie régénérative, un impact positif net désigne les actions qui non seulement minimisent les impacts négatifs sur l’environnement et la société, mais qui visent également à régénérer les écosystèmes, restaurer les ressources naturelles, et améliorer les conditions sociales et économiques. En savoir plus.


(3) Neutralité carbone :

Selon la définition du Parlement Européen, la neutralité carbone, est « l’équilibre entre les émissions de carbone et l'absorption du carbone de l'atmosphère par les puits de carbone. En savoir plus.


(4) Fondation actionnaire :

Une fondation actionnaire est une fondation à but non lucratif qui détient la totalité ou une partie des actions ainsi que la majorité des droits de vote d’une entreprise industrielle ou commerciale. En savoir plus.


(5) Steward-Ownership :

La propriété fiduciaire (steward-ownership) est une structure de propriété d'entreprise qui constitue une alternative à la primauté de la valeur actionnariale. Elle garantit que les entreprises privilégient leur mission à long terme plutôt que les profits à court terme, en inscrivant légalement deux principes fondamentaux. En savoir plus.


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